Courgettes ou langage, cultivons-nous en août, comme nous y incite ce site.
« Comme chaque année, le mois d’août suscite sur les antennes quatre prononciations différentes : [ou], [out], [a-ou] [a-out]. Pierre Fouché, dans le Traité de prononciation française (1969), recommande la prononciation [ou] et précise : « La prononciation [a-ou] est archaïque ou dialectale. Il en est de même de [out] et à plus forte raison de [a-out] ».
Le Petit Robert (2007) et le Petit Larousse illustré (2007) donnent [ou] et [out] alors que des éditions antérieures ne retenaient que le mois d'[ou].
Pour Joseph Hanse, dans le Nouveau Dictionnaire des difficultés du français moderne (1987), « Le mois d’août se dit [ou] mais beaucoup prononcent le t final. La prononciation [a-out] est fautive alors qu’elle est correcte dans les dérivés aoûtat, aoûté et aoûtien [aoussien] ».
Dans le Dictionnaire des difficultés du français (1993), Jean-Paul Colin recommande « la seule prononciation correcte [ou], le t devant rester muet, bien que l’usage se répande, notamment dans les médias de prononcer [a-ou] ».
Maurice Grevisse, dans Le Bon Usage (1986), donne la prononciation habituelle [ou] mais trouve excessif de condamner [out].
Moins sévères sont les recommandations données par le Dictionnaire de l’Académie française qui, dans sa neuvième édition, note : « Août se prononce [ou] plutôt que [a-ou], le t se fait parfois entendre ». La septième édition (1878) préconisait [ou] mais signalait cependant « on prononce souvent [out] ».
Quelques années auparavant, Émile Littré, dans le Dictionnaire de la langue française (1863-1873), indiquait : « Août se prononce [ou], l’a ne se prononce pas. Pourtant quelques personnes prononcent [a-ou] ».
Venant du latin Augustus (mensis), substitué en l’honneur de l’empereur Auguste à Sextilis mensis (sixième mois devenu huitième mois lors de l’instauration du calendrier grégorien), ce mot de quatre lettres n’a cessé de provoquer de vives querelles à cause tant de sa prononciation que de sa graphie.
Dans son traité complet de prononciation, Comment on prononce le français (1917), Philippe Martinon écrit au sujet de l’histoire du mot : « Dans « août », l’a a cessé de se prononcer depuis le XVIe siècle […] ; on a malheureusement continué d’écrire « août » avec un a [mais] la prononciation [a-ou] est surannée ». Il signale que la prononciation [a-ou] réapparaît à partir du XIXe siècle chez les orateurs et chez les poètes comme Victor Hugo, Sainte-Beuve et Henri de Régnier mais, pour lui, « on serait dans la tradition française en prononçant toujours et uniquement [ou] ».
En 1930, Léon Clédat raconte que Voltaire qui, dans l’avertissement de Zaïre affirme que le mois d’août se prononce [out], commençait ainsi une lettre à la marquise du Deffand « À Ferney le 19 Auguste », car il trouvait trop barbare d’écrire août et de prononcer [ou].
Si le « joli août » n’a pas de barque sur le Rhin, des poètes l’ont fêté comme mois de la moisson, avec une rime en [ou] :
« Dites ! L’ancien labeur pacifique, dans l’août
Des seigles murs et des avoines rousses,
Avec les bras au clair, le front debout
Dans l’or des blés qui se retrousse
Vers l’horizon torride où le silence bout ». (1)
Au sens figuré, le mot a désigné l’âge de la maturité par comparaison des périodes de la vie avec les mois des travaux agricoles : « D’ailleurs, elle touchait au mois d’août des femmes, époque tout à la fois de réflexion et de tendresse ». (2)
Enfin, il fut aussi employé dans la locution « faire l’août », c’est-à-dire faire la moisson, et dans l’expression aujourd’hui disparue « faire son août dans une affaire », au sens d’y gagner beaucoup, d’en tirer énormément de profit.
(1) Émile Verhaeren, « La plaine », Les Villes tentaculaires, 1895.
(2) Gustave Flaubert, L’Éducation sentimentale, 1869. »
Miaou Miaou
Ma chanson préférée de l’été, depuis l’enfance, apprise par notre mère :
Le trente-et-un du mois d’août)
Nous vîm’s venir voguant vers nous (bis)
Une frégate d’Angleterre
Fendant la mer et les flots
C’était pour aller à Bordeaux.
Et le refrain était si beau :
Buvons un coup, buvons en deux,
A la santé des amoureux,
A la santé du Roi de France,
Et merde pour le Roi d’Angleterre,
Qui nous a déclaré la guerre.
(C’était la seule occasion où nous avions le froit de dire merde !)
Bien entendu c’était a-ou (pour le nombre de pieds, et pour la rime).
Et je ne changerai jamais – d’autant que maman est morte la veille d’un 31 août !
Bonjour Fanchon et bienvenue ! Malgré la tristesse pour toi de cette fin août, ton intervention me réjouit car elle ravive les souvenirs de mon père bricolant dans la cave et chantant (à une époque) à tue-tête la même chanson et tant d’autres en breton ou en Canard enchaîné, deux langues de résistance :o)
Et, tout comme pour toi c’était l’occasion unique d’entonner avec lui « et merde pour la Reine d’Angleterre » car il avait avancé d’une reine…