J’ai passé les cinq dernières années de ma vie à me planquer, me cacher, me faire tout p’tit, m’écraser, me faire oublier, passer par des trous de souris (quel humour j’ai quand même !) et, de ce fait, à essuyer les lazzis, y compris ceux de la Cheffe dont l’humour m’échappe dans ces occasions. Un jour, assez récemment, enfin amadoué ou presque par le grand nombre de mes nouveaux potes à mains potelées, je décide d’aller explorer plus loin que la terrasse :
- je rase les murs et vais déposer ma petite goutte de parfum derrière la maison, derrière les hortensias pour que personne ne me voie,
- petit à petit je fais la même chose tous les matins mais en relevant progressivement l’échine,
- je croise le gris bleu qui fait peur, le jeune fou d’en face, l’affreux jojo hérissé, je nargue Aussie d’à côté (aucun intérêt, ça aboie), je suis la trace des trucs à épines et à courtes pattes, je sniffe les odeurs d’oiseaux, les signatures laissées dans les hautes herbes sous le noisetier ; je tente une percée (ne vous en faites pas, le grillage est judicieusement troué!) dans le parc de derrière, buissons et ronces à foison, génial endroit pour la planque. Pas de bol, comme la Cheffe m’a mis un clochette autour du cou, je tintinnabule et, quand elle entend mon petit gong, elle me lance « kestufais là-derrière ? Rentre illico ! ». Et moi, andouille à poils soyeux, j’obéis. Ca ne devrait pas durer ça, l’obéissance aveugle, je vous le dis !
- hier, la Cheffe et le marcheur étant là-haut à mon étage qui est aussi le leur quand ils tapotent, je leur ai monté un cadeau que j’ai délicatement posé sur la moquette. Puis j’ai lancé à tue-tête : « meouw, meow, mihahouuuuu ». Aucune réaction. Re, que je chante. Enfin le marcheur lance, sans même se retourner « mais oui on sait que tu es là ! ». Dépité (et vous n’imaginez même pas la tête du chat dépité), je suis reparti en laissant mon cadeau pour en trouver un encore plus gros, na !
- 17 minutes après j’ai entendu « aaaaaaaaah !!! Voilà pourquoi Monsieur trompettait ! ». Elle était tombée sur mon cadeau, j’étais bien content.
- ch’sais pas pourquoi elle a posé (elle n’a peur de rien, sauf des frelons, j’vous l’signale au cas où) le cadeau en haut de l’escalier du bas (vous me suivez ?), puis m’a passé un savon, puis a photographié le cadeau avant de le planter sous les rosiers ? Vous savez, vous ?
- n’empêche : ter-mi-né les cadeaux, ter-mi-net !