Quand on était p’tits, les parents nous embarquaient l’été une année en Ardèche, l’autre dans des aventures bretonnes. Vacances chez Pépère et Mémère, puis bientôt Mémère toute seule, Pépère ayant assez rapidement rejoint le paradis de la marine à voile.
A 50km/h de moyenne, il nous fallait deux bonnes journées pour rejoindre Saint-Brieuc et la rue du Vieux Séminaire, juste à l’arrière de la caserne Charner. La lourde Dyna Panhard montait la côte d’Yffiniac bordée de tresse d’oignons et d’ail, nous passions Langueux et nous arrivions en vue du viaduc du chemin de fer et là nous étions tous prêts à gicler hors de la voiture ! Mais patience, pas encore…
Au programme : grands et moins grands cousins, la famille de mon père, ma chère et drôle petite marraine, le jardin de buis et de soucis jaunes et oranges aux allées recouvertes de coquillages parfois encore entiers qui faisaient nos délices de jeunes montagnards collectionneurs, la course pour attraper le car qui nous emmènerait à la plage des Rosaires (avant de casser sa pipe de cap hornier, Pépère avait une cabane en bord de plage, nous nous y entassions de retour de la grève, saupoudrés de sable et les poches pleines de trésors pour partager le casse-croûte à l’abri ; j’y ai parmi mes plus beaux souvenirs…), les promenades au port pour voir les navires, les virées dans la 2cv de Tanty, les visites aux cousins sur place ou à Rennes et Troarn, les balades vallée du Gouet où frère aîné attrapait invariablement une sangsue qui le faisait aussi invariablement déchoir de son statut de pirate en chef, le marché autour de la cathédrale, la galette-saucisse parfumée et les marchandes de dentelle alors encore en coiffe.
Et puis les merveilles de étals des poissonniers, avec des délices que nous ne goûtions que là, chez Mémère : araignées, crabes, étrilles, couteaux, coques, poissons de toutes sortes. Vêtue de noir, ne sortant jamais sans son chapeau, ma grand-mère était belle et avait gardé un teint de porcelaine claire. Beaucoup d’humour derrière tout ce noir ; un de ses grands plaisirs était de nous infliger le supplice de l’araignée. Rentrant du marché, les sacs pleins à déborder, elle nous appelait à la cuisine et riait aux éclats de nous voir partir en hurlant devant la ou les araignées de mer bien vivantes qu’elle avait posées par terre et qui, je vous l’affirme, nous couraient après à la vitesse de l’éclair. Puis, la rigolade terminée et l’heure tournant, elle saisissait la bête et la plongeait vivante et hurlante, nous l’entendions bien, dans la grande marmite d’eau bouillante. Mémère nous servait la bête avec une mayonnaise comme je n’en ai jamais mangé depuis.
Une fois par semaine, une fermière de La Méaugon passait livrer à pied le régal absolu… après avoir palabré en breton avec Mémère, elle déposait délicatement dans un plat creux garni d’étamine des petits fromages frais en forme de coeur que nous dégusterions égouttés et noyés dans de la crème fraiche entière, crue, moelleuse, épaisse, charnue, abondamment saupoudrée de sucre. A bas le 0% !
Le matin, le ciel était généralement couvert. La maison étant pleine à déborder, Mémère, ma mère et Tanty s’offraient la corvée de linge (pas de machine alors…) dans la petite buanderie. A maman craignant le temps gris, Mémére répliquait « pas de problème, c’est la marée » et elle avait toujours raison : la marée passée, le ciel se découvrait, le linge séchait dehors.
La plage des Rosaires sur goelo.fr
Ca donne envie d’aller faire un tour en Bretagne, ta jolie histoire.
Je ne rate jamais la mayonnaise. Pour le reste, faut voir…
Pratiquement 60 années de vacances passées à Yffiniac… 3 ans à St Brieuc tout près du quartier Charner… que de merveilleux souvenirs tu réveilles en moi ! de la nostalgie mais aussi plein de moments de bonheur dans ce merveilleux coin de France, prés de ma chére mémé, qui avait joué à la Parisienne pendant de nombreuses années mais qui retrouvait chaque fois sa Bretagne avec tant de joie !
Waouhhhh ! souvenirs, souvenirs !!!!!
Au fait, il serait temps de penser à nous revenir ! ça commence à être long !
Bises à tous les 2.
FP
Lu 2 fois…. Merci pour ce beau souvenir, j’y étais aussi dans « ta Bretagne » … chez nous c’était le départ en « estafette » (celle de mon père boulanger).; et plus tard en R12 breack.. suivie par la remorque (faite maison) coiffée de la barque jaune (faite
zut et reflutte… une mauvaise manipe et mon commentaire est pfftt tout seul et pas terminé…. de ton Québec..tu pourras surement l’éffacé et je t’en prépare un autre…. Ha ton idiote de voisine hein !!!
veinards, veinardes avec vos souvenirs et votre nostalgie, comment voulez-vous qu’une pauvre fille unique, fille de fille unique, ne sois pas jalouse de cette si merveilleuse enfance !
sans rancune, bisous
cosette susie
Allons, allons, Cosette, fouille, tu trouveras plein de délices nostalgiques, même à une toute seule, on se bâtit son monde non ??? Bonne descente dans les souvenirs !