Trois. Puis cinq. Et neuf. Lenaïg compte les mouches qui se posent en grappes sur le morceau de chair violacée négligé par le rat. Gilles Servat milite entre Fougères et Clisson. Le père est en mode P.A.B. (Papa A Bu).
Huit puis une. Et deux. La la la la la leno. Le rat revient et rampe à pattes feutrées vers Mouche Quatre. Papa est ivre, Lenaïg s’évapore dans les brumes d’Ys et tournoie vers les hauts-fonds d’où la Petite Sirène et le Celte au torque d’ambre la sauveront.
Sept et deux et plus rien. Shane McGowan s’arrache des mots âpres qu’il crache entre ses dents ébréchées. L’oncle druide la fait encore rêver. Les mots sont suspendus. Lenaïg attend.
Plus rien. Mouche Quatre n’a pas comblé les besoins du rat qui, tel un soldat rampant sous les ajoncs en tenue de camouflage avance une dent et goûte sans prévenir le bout rose d’un doigt de pied de Lenaïg. La lande hurle sous les ajoncs courbés. Jean Bart et Surcouf mouillent à Saint-Pierre et Miquelon, Toussaint Louverture embarque avec Timour et Tamerlan pour une traversée avinée.
Petite sirène à bord du Kon Tiki, entourée des hommes liges des talus en transe de Paol Keineg, Lenaïg explore les écumes, du Cap Nord au Cap de Bonne Espérance, nargue les sous-marins allemands et, rescapée de l’enfer définitif de Mers-el-Kébir, rejoint Kessel, Bombard, Guillaumet, Mermoz et Saint-Exupéry, et puis Pépère le Héros, salué par les derniers Yaghans.
Neuf et quatre. Jack London arrache les lanciers du Bengale aux geôliers qui leur font exploser les doigts en glissant sous leurs ongles des allumettes qu’ils mettent à feu avec un rire sardonique tandis que Lenaig hurle de terreur. La petite Fadette ne lui est d’aucun secours et c’est enfin Rob Roy qui chasse l’horreur en l’emportant sur son cheval forcément fougueux.
Trois et onze et puis réveil.