Lettre à mon père (8)
Cette dernière scène pourrait bien être révélatrice : qu’est-ce qui m’autorise à penser que mon expérience ne t’intéresse pas ? Pourquoi mon père n’insiste-t-il pas par quelque interrogation apropriée – ou bien a-t-il perçu mon peu d’envie d’échanger avec lui ? Mais quel est donc ce refus de ma part, devant des parents brillants, au sein d’une fratrie nombreuse – nous étions cinq – , mais ‘conduite’ par les deux premiers, mes deux frères ?
Et j’aurais dû, depuis longtemps, savoir que je devais ce séjour à ma mère et à son ‘réseau’ d’amis et de relations ‘Rudolf Steiner’ – D’ailleurs, je me sentais plutôt bien chez les Jung, même si le film de Hitchcock – Psychose – m’avait laissé un souvenir d’effroi quand je montais les marches vers ma chambre au-dessus de l’étable. Tout comme les feux de Saint-Elme au-dessus des tombes du cimetière d’Auffargis, quand je revenais à pied, de nuit. Tout comme cette chemise blanche qui circule bruyamment dans ma chambre, alors que je suis couché, et provoque une peur intense chez moi – Lecteur, sois indulgent avec moi.
Ces souvenirs n’ont rien de complaisant – ils sont vrais, et apportent une pierre à ce que je construis, que je n’ai pas pu construire au bon moment. Mais pour construire, il faut identifier et dire. Ca sert à ça, un père et des frères, normalement.
Et comment penses-tu que je pouvais faire, quand vous étiez si loin ? Toi, dont les cendres ont été dispersées en Bretagne, par ma mère et mon (2d) frère – SANS m’en informer !!! Mon Dieu ! – A qui la faute ? Bonne question, Lecteur.