Notre grand reporter perrotin et d’ailleurs, d’ailleurs, nous fait le grand honneur d’une chronique de “souvenirs de gosse”. Les illustrations sont issues des trésors de Michel Jack auquel La fargussienne et ses lecteurs du monde entier adressent un chaleureux M.E.R.C.I !
Souvenirs de gosse (3) :
De cette première année d’école, j’ai un souvenir fabuleux qui ne me quittera jamais. Nous étions éloignés d’environ un kilomètre et demi du centre du village, donc de l’école, et nous faisions cette distance quatre fois par jour (en tournant à droite après une énorme croix de béton), il n’y avait pas de cantine.
Un soir après la classe, alors que j’avais fait à peu près la moitié de la distance, un fermier, qui rentrait avec son attelage de bœufs, m’a monté sur sa charrette et m’a installé à l’avant, contre la ridelle, et pendant tout le reste du trajet, j’étais fasciné par le pas de sénateur de ses bœufs. Je revois encore le dos de ces deux bêtes qui déambulaient avec un déhanchement caractéristique, roulant de la croupe. Fort de csouvenir, j’ai acquis un joug de bœufs pour décorer mon appartement.
Je me souviens qu’on allait à la ferme chercher le lait, tous les soirs après l’école. On avait chacun sa laitière (boîte à lait en aluminium) à laquelle on avait accroché un petit bidule pour la reconnaître et ne pas prendre par mégarde celle du voisin. Qu’il était bon ce lait cru, on pouvait faire cailler le peu qui restait pour faire du fromage blanc, granuleux à souhait, en versant dans une marmite, jour après jour, les fonds de laitière. En deux ou trois jours c’était une affaire réglée. Délicieux. Et puis, en allant à la ferme, on rencontrait les vaches, on savait laquelle avait donné le plus de lait, celle qui n’en donnait pas parce qu’elle était pleine (avec un veau en gestation dans les entrailles). Aujourd’hui, on prend un pack de lait dans les rayons du supermarché, qui sait comment était la vache qui l’a produit ?
À suivre…