Gros rhube ? Un p’tit thé à la souris ?
Ou un thé aux larmes ?
Hulul prit la bouilloire dans le buffet.
« Ce soir, dit-il, je vais faire du thé aux larmes. » Il posa la bouilloire sur ses genoux. « Là, dit-il, je vais commencer. »
Il était assis, bien tranquille. Il se mit à penser à des choses tristes.
« Des chaises aux pieds cassés » dit-il. Ses yeux commencèrent à se mouiller. « Et des chansons qu’on ne peut pas chanter, ajouta-t-il, parce qu’on a complètement oublié les paroles. » D’autres larmes encore tombèrent dans la bouilloire.
« Et aussi, dit Hulul, des livres qu’on ne peut plus lire parce que plusieurs pages ont été déchirées. »
« Et des pendules arrêtées, continua-t-il, parce que personne n’est là pour les remonter. » Hulul pleurait et de grosses larmes tombaient dans la bouilloire.
« Et le matin, disait-il en sanglotant, personne ne comprend pourquoi tout le monde continue à dormir. »
« Et, poursuivait-il, la purée de pommes de terres restée sur une assiette parce que personne n’a envie de la manger. Et les crayons trop courts pour écrire. »
Hulul pensait encore à beaucoup d’autres choses tristes, et n’arrêtait pas de pleurer.
Bientôt, la bouilloire fut remplie de larmes jusqu’au bord.
« Là, dit Hulul, ça suffit ! »
Il s’arrêta de gémir, et mit la bouilloire à chauffer sur le poêle pour préparer son thé. Il se sentait heureux en remplissant sa tasse.
« Il a un goût un peu salé, reconnut-il, mais le thé aux larmes est toujours agréable ! »
(Arnold Lobel)
C’est très original et bien écrit ! ^^
J’ai adoré le lire et le relire à mes enfants, nous avons même essayé de faire du thé aux larmes… Fastoche mais peu productif !