Notre grand reporter perrotin et d’ailleurs, d’ailleurs, nous fait le grand honneur d’une chronique de “souvenirs de gosse”. Les illustrations sont issues des trésors de Michel Jack auquel La fargussienne et ses lecteurs du monde entier adressent un chaleureux M.E.R.C.I !
Souvenirs de gosse (4) :
On habitait à la campagne, la vraie, loin de tout, sans électricité, au bord d’une route de terre, que dis-je un chemin de terre inondé en automne et au printemps ; on portait, six mois sur douze, des bottes de caoutchouc pour aller à l’école les pieds au sec. Le soir après l’école, l’hiver, on faisait près d’un kilomètre en rase campagne, dans la pénombre quelques fois totale. On avait une lampe de poche qui éclairait à trois ou quatre mètres devant nous. On passait le long des champs et à coté d’un bois de peupliers. Quant il pleuvait, le vent, la pluie nous cinglaient le visage.
Puis, lorsque j’ai atteint les cinq ou six ans, l’entrepreneur en travaux publics local, avec probablement l’accord de la municipalité (bien sûr pour tous, mais pas obligatoirement pour nous) a refait un peu le chemin qui menait au hameau, avec un gros soc derrière une espèce de tracteur et un énorme rouleau compresseur pour écraser les pierres répandues. C’était mieux qu’un chemin de terre, mais il y avait encore des trous pleins d’eau après les pluies. Et puis, la municipalité avait fait installer une ligne électrique vers le hameau, pas pour nous qui étions à mi chemin, les fils passaient devant notre fermette. Quand il y avait du vent, les soirs d’automne, cela sifflait dans les fils, comme des hurlements. Pour nous, sans aucun doute c’étaient les loups qui réclamaient un peu de chair fraîche. Ils allaient certainement sortir du bois d’à côté. On ne savait pas que le dernier loup, celui de « la mare au loup » à proximité, avait été tué plus d’un siècle auparavant, ce sont des choses qu’on ne dit pas aux enfants.
À suivre…