Lettre au père (18)
Trouver la racine du mal – c’est cela mon enjeu : la contradiction intérieure entre le besoin d’échanger, d’aller au devant des autres – et la démarche de retrait à distance des autres, vers un isolement ; être vigilant dans la défense de mes intérêts, rendre coup pour coup, aussi.
Et puis, l’essentiel : choisir les bons moments, compte tenu de notre situation d’être susceptible de disparaître un jour – Réaliser ce que mes parents étaient, à savoir des personnes de qualité, même si leurs silences (ma mère évoquant si rarement ses propres parents, par exemple) , ces non-dits, étaient un thème récurrent dans les discussions de leurs enfants.
L’autonomie de mes parents : donner un sens à sa vie, et agir pour défendre l’humain. Car la guerre leur a appris que l’homme est un loup pour l’homme – ce pessimisme (réalisme ?) qu’ils ont rarement formulé. Franz Kafka a été, à la fin de sa vie, un homme heureux ; surprenant, non ? – Mais nous ne pouvons vivre sans les autres ; c’est une vérité essentielle. Ou bien ma démarche de venir vivre seul ici est-elle aussi un enjeu qui compte ? – Car je suis un homme à qui sa biographie a appris l’efficacité de l’introspection, et la réalité de la résilience, toujours possible. – La vie est un drame, sachons y faire face ; la vie est un jeu, sachons le jouer ; la vie est une beauté unique : sachons la goûter !
Franz Kafka était célibataire et vivait seul, ce qui ne veut pas dire complètement seul et déconnecté des autres, la preuve en est qu’il a été heureux à la fin de sa vie en raison d’une relation amoureuse intense. Je crois fermement au bonheur, personnellement je l’ai trouvé, je vous souhaite pareille rencontre. Merci pour vos textes toujours si subtils et délicats.
Merci à vous, Gambero – La vie – un sourire ! Roland Bideau