Notre grand reporter perrotin et d’ailleurs, d’ailleurs, nous fait le grand honneur d’une chronique de “souvenirs de gosse”. Les illustrations sont issues des trésors de Michel Jack auquel La fargussienne et ses lecteurs du monde entier adressent un chaleureux M.E.R.C.I !
Souvenirs de gosse (11) :
Lors de nos expéditions en terre inconnue, nous avions découvert et localisé de nombreuses mares et étangs. Les étangs étaient connus de nos anciens et ne présentaient guère d’intérêt sauf qu’il y avait toutes sortes de poissons. Par contre, dans les mares il n’y en avait pas sauf dans la grande mare à côté de chez nous. Elle portait le nom de «Martinerie». Elle allait nous être d’une grande utilité pour notre avenir, comme vous le verrez dans les pages suivantes.
En fait, nous avions décidé de repeupler les autres mares en petits poissons que nous pêchions dans celle-ci. Tous les trous d’eau de la contrée ont bénéficié de notre manne en gardons, tanches et carpeaux (gris ou rouge), ce qui devint par la suite d’innombrables viviers où nous pouvions passer quelques heures a attraper ce que nous avions mis, mais en plus gros. Il fallait faire attention, car les propriétaires des prés nous faisaient la chasse. Nous avions également lâché des perches pêchées en étangs, dans certaines mares. Cela nous permettait de passer de bons jeudi (dans ma jeunesse, le jour sans école était le jeudi) et nous laissions nos parents tranquilles.
Nous allions aussi à la pêche aux grenouilles pour en manger les cuisses, au beurre, à la poêle, délicieux. Il y avait aussi de nombreuses couleuvres dans ces lieux et beaucoup d’oiseaux. Aujourd’hui, la plupart des mares ont été rebouchées, les buissons rasés, les oiseaux ne peuplent plus nos campagnes. Sur le bord de la grande mare, un héron cendré était venu nous tenir compagnie quelques instants, il était magnifique.
En fait, cette mare était une ancienne carrière qui avait pris eau. Elle descendait en pente. Il y avait des roseaux et des joncs qui abritaient des poules d’eau et… une très grosse couleuvre. Un jour, en approchant du lieu, j’ai entendu des petits cris : « clouc, clouc ! », je me suis approché doucement et j’ai vu, Ô grande horreur, une grenouille subjuguée par la couleuvre, qui avançait lentement vers la gueule ouverte de cet affreux reptile. Mon sang ne fit qu’un tour, je ne pouvais laisser ce crime se commettre et, comme j’avais une badine à la main, j’en ai administré un violent coup sur la couleuvre qui, après s’être tortillée dans tous les sens, a pris la fuite. La pauvre grenouille a mis plusieurs minutes avant de se reprendre et me fuir. Avait-elle réalisé que je venais de la sauver d’une mort affreuse ?
À suivre…