Et encore un cadeau ! Une autre tendre histoire écrite par l’amie Adeline Ribierre et dédiée à ses quatre enfants. Adeline qui, rappelons-le, a publié plusieurs recueils que l’on peut (que l’on doit ;o) trouver ICI ! Merci Adeline.
CHAPITRE QUATRE
Loa-Doa ne sait pas très bien par où commencer.
Il ne peut pas rester nuit et jour sans dormir à guetter chaque fleur du jardin. De toute façon, c’est trop grand, et le voleur est invisible.
Ou petit. Oui, c’est possible : il doit être assez petit pour passer inaperçu.
Un éclat de lumière multicolore le fait cligner de l’oœil. C’est une rose panachée, au cœur de diamant, un peu agitée par la brise. Loa-Doa la contemple avec admiration. Comme elle brille…
Briller ? Mais oui ! C’est ça ! Une idée lui vient à l’esprit. Il court jusqu’à l’Etoile. C’est un croisement situé non loin de là, où se rencontrent trois chemins, dessinant une étoile à six branches. Là, le Farfadet tire un petit appeau en noisetier qu’il porte accroché à son cou par une tige de lierre.
Il souffle dans son appeau et une douce mélodie s’élève. C’est un son feutré, comme dans un rêve.
Un galop léger se fait entendre. Un instant plus tard, elle est là. Une licorne blanche comme neige, avec sa tête de biche et sa longue corne torsadée au milieu du front. Elle a la taille et les sabots fendus d’une chèvre.
Elle frotte son nez contre les cheveux bouclés de Loa-Doa, en prenant garde à ne pas le griffer du bout de sa corne.
— Bonjour à toi, Farfadet ! dit-elle en parlant d’esprit à esprit.
— Bonjour, Unicornis ! Merci d’être venue. J’ai une mission difficile à accomplir. Es-tu au courant pour les joyaux du Jardin Précieux ?
Unicornis fait oui en agitant sa jolie tête, et ses yeux ont une expression attristée.
C’est navrant…
— Je crois savoir qui peut être coupable.
Et il lui chuchote quelque chose à l’oreille. La licorne recule de surprise.
— Moi aussi, ça m’étonne, dit Loa-Doa. Mais je ne vois personne d’autre. Tu veux bien m’emmener chez leur reine ?
Unicornis secoue la tête, dubitative, mais elle fléchit les genoux pour que Loa-Doa grimpe sur son dos.
D’un bond, elle se met en route sur l’un des six chemins.
Son galop est souple, rapide et presque silencieux. Sa crinière blanche vole au vent. Loa-Doa aspire avec délices l’air au parfum de résine.
Au terme d’une longue course, la licorne s’arrête devant un taillis.
— Nous sommes déjà arrivés ? fait le Farfadet avec quelque regret.
— CRAKRACRAKRAKRA ! lance quelqu’un au-dessus d’eux.
Sur une branche de robinier garnie d’épines, une pie magnifique dans son costume noir et blanc les regarde, la tête penchée de côté. De son bec dépassent les pattes d’un insecte malchanceux.
— Etes-vous la Reine des Pies ? demande Loa-Doa.
— CRAKRACRAKRAKRA ! répète la pie (après avoir avalé sa proie). Salut, O Unicornis-la-Licorne. Qui nous amènes-tu ? Quel est ce malotru qui ne dit pas bonjour ?
Voici Loa-Doa, un jeune Farfadet du village de Grochêne, dit la Licorne en envoyant ses mots par la pensée. Il souhaite parler à la Reine.
— Hum. Bon. Je vais voir si elle est disponible. Et la pie s’envole dans un grand CRAKRACRA-KRAKRA !
Elle se pose sur un bouleau tout proche. A côté d’elle, on voit une grosse boule de brindilles. C’est le Nid Royal, explique Unicornis.
Loa-Doa regarde mieux. En effet, c’est un nid, et bien plus grand que les nids de pie ordinaires. La base est faite d’argile et d’herbe ; elle est surmontée d’un toit de branchettes épineuses. Un rayon de soleil tombe soudain sur le Nid Royal qui se met à scintiller.
— Oh ! s’écrie le Farfadet.
Des dizaines d’objets brillants sont accrochés aux brindilles. Il y a des bagues, des bracelets, une paire de ciseaux à ongles d’humains, et même de petites lunettes de soleil à monture métallique, disposées en auvent au-dessus de l’entrée. Un collier est déployé, comme une guirlande d’or. Il y a aussi des pièces de monnaies, et une petite cuillère, qui doit servir de miroir à la Reine. Elle se regarde dans le côté intérieur et s’y voit toute mince, glisse malicieusement Unicornis. Elle est très coquette. A bien y regarder, ce sont toutes les hautes branches du bouleau qui sont décorées. Comme un drôle d’arbre de Noël.
— Ah, ça ! Par la trompe du balanin, je tiens ma voleuse, dit Loa-Doa en se tournant vers la Licorne
Un battement d’ailes le fait sursauter. La Reine des Pies s’est posée sur un petit sapin, juste devant son nez.
Bouche bée, il la contemple. Comme elle est grande et majestueuse ! Autour de son cou brille un bracelet de perles en plastique. Elle porte à chaque patte un rond de porte-clefs. Sur sa tête si noire qu’elle en est presque bleue, est posée une couronne de Playmobil, ces petits bonshommes avec lesquels jouent les enfants des Hommes. Comment arrive-t-elle à la garder en place sans qu’elle tombe ?
— Eh bien, as-tu si faim de mouche pour garder la bouche ainsi grande ouverte ? dit enfin la Reine des Pies d’un ton hautain. M’as-tu dérangée alors que je couve mes oœufs, uniquement pour me montrer ta luette ?
Loa-Doa referme la bouche si précipitamment qu’il se mord la langue. Ca commence bien.
Elle est magnifique cette collection d’appeaux !!! Bravo et merci ;o)