Notre grand reporter perrotin et d’ailleurs, d’ailleurs, nous fait le grand honneur d’une chronique de “souvenirs de gosse”. Les illustrations sont issues des trésors de Michel Jack auquel La fargussienne et ses lecteurs du monde entier adressent un chaleureux M.E.R.C.I !
Souvenirs de gosse (14) :
La vie à la campagne est rythmée par la cloche du village. Dès notre jeune âge, nous devions aller à la messe (en plus de l’école, cela faisait beaucoup !). Nous tentions de rivaliser d’astuces pour éviter ces travaux pratiques. Eh oui, on allait au catéchisme pour apprendre et à la messe pour mettre en pratique. J’avais trouvé une petite combine pour m’épargner cette douloureuse obligation : j’avais repéré un surveillant qui signait d’un trait légèrement courbé sur les cartes de messe (oui, pour que M. le curé puisse être sûr que nous ne manquions pas ses sermons ni ses prêches, tout cela dit pour notre salut, on avait une carte de messe à faire signer à la fin de chaque office par un surveillant bénévole). J’attendais dehors la fin de la messe, et dans la foule sortant de l’église, j’entrais faisant mine de chercher un surveillant et j’allais à la rencontre de ce brave homme qui signait ma carte. Guetter la fin de la messe et arriver discrètement étant quand même contraignant, j’avais pris l’habitude signer moi-même.
Lors d’une séance de catéchisme, après avoir présenté ma carte, je pris une magistrale gifle (nous on disait une torgnole) car j’avais signé dans cinq cases alors que ce malheureux mois n’avait que quatre dimanche.
Un jour, pour s ‘amuser bien évidemment, c’était au printemps je précise, nous avions glissé quelques têtards de grenouille dans le bénitier. Durant la messe, on entendait des gloussements et des cris à peine feutrés du côté de l’entrée de l’église. Notre bon curé ne pouvait se distraire de sa messe. Après, au catéchisme, il nous a sermonné en demandant au coupable de se dénoncer pour obtenir le pardon de Jésus, mais le coupable ne devait pas être parmi nous car il n’obtint que le silence.
Il conclut en espérant que le petit voyou n’était pas connu de nous. Et nous de conclure à notre tour : « oh non monsieur le curé, on aurait même pas pensé à faire ça ! ». Croix de bois, croix de fer, si on ment on va en enfer.
Pauvre Saint-Pierre, il va avoir de l’ouvrage… !
Et pourtant, qui l’aurait dit, un peu plus tard je suis devenu enfant de chœur et comme tout un chacun, j’ai servi consciencieusement la messe aux côtés de M. le curé. J’ai même porté le grand crucifix lors de la procession jusque la croix Vaudin.
Tous les ans, nous avions droit à un goûter et quelques menus objets selon le nombre de points que nous avions acquis par nos services pour l’église. Mais cela ne fait pas partie de ce souvenir… nous verrons un peu plus tard !
À suivre…
Photographies M.-J. Masson : (1) entrée de l’église prise depuis le maître autel, (2) le maître autel et le magnifique retable avec Saint Éloi et Saint Sébastien, les deux « patrons » de l’église du Perray.
Les frères et moi n’eûmes pas l’heur de fréquenter le cathé, apparemment on y passait de fort bons moments. Et d’autres nettement plus difficiles si j’en crois les souvenirs d’autres adeptes (enfin adeptes via les parents, souvent, non ?)