Notre grand reporter perrotin et d’ailleurs, d’ailleurs, nous fait le grand honneur d’une chronique de “souvenirs de gosse”. Les illustrations sont issues des trésors de Michel Jack auquel La fargussienne et ses lecteurs du monde entier adressent un chaleureux M.E.R.C.I !
Souvenirs de gosse (16) :
Quand j’étais petit, comme dit l’histoire, je n’étais pas grand mais déjà bien désobéissant. Il était tellement agréable de marcher pieds nus dans le jardin et surtout dans le verger plein de grandes herbes avec des sauterelles et quelques autres insectes dont de paisibles abeilles butinant les pâquerettes et autres petites fleurs, mais il ne fallait pas marcher dessus parce qu’une abeille çà pique et c’est douloureux, et pour soigner la cloque, une seule solution, une friction de vinaigre.
Au fond du verger, avant le bosquet pour le repos des animaux sauvages (pigeons, faisans, et même quelques fois sangliers), il y avait, je crois me souvenir, au moins cinq ruches. Interdiction formelle de s’en approcher car un essaim d’abeilles çà vole plus vite que court un gamin.
Bon enfin, on marchait pieds nus, un point c’est tout.
Avant les fraises de l’ancien combattant de la croix Barbé, on goûtait celles du paternel, il n’avait pas besoin de courir lui, on le retrouvait à table le soir et gare à celui qui avait subtilisé une fraise, quelques cerises voire même une belle tomate. Papa avait la géographie des lieux dans la tête et une tomate de moins laissait un immense vide au potager.
Tout cela nous poussait à devenir un peu plus malin chaque jour. Il y avait dans le verger plusieurs arbrisseaux de cassis, de groseilliers et aussi des groseilliers dit « à maquereaux », des petits fruits gros comme le bout du pouce, mais délicieux une fois mûrs. Je m’en prenais une dizaine à chaque fois mais j’annonçais toujours : tu sais papa, il y avait des étourneaux-sansonnets au jardin cet après midi, je le ai chassés. Çà marchait assez bien.
J’avais repéré deux magnifiques néfliers dans le petit bois, chacun sait que les nèfles mûrissent lorsqu’il a gelé, alors aux premiers jours d’hiver, dès que le sol était blanc, j’allais vite au fonds de la propriété pour « gober » quelques belles nèfles mûres.
Un jour que j’étais dans le cerisier, papa m’a surpris de loin, je me suis sauvé en sautant par dessus la barrière du jardin et je suis tombé à pieds joints sur une fourche à fumier qui traînait malheureusement là. Elle m’avait traversé le pied gauche. Je l’ai retiré et suis revenu vers la maison en sautant sur un pied. J’ai pris une « torgnole » mais quand maman a vu le sang qui coulait, ma fois, abondamment, je me suis senti soulevé, collé sur une chaise avec une cuvette d’eau bien additionnée d’eau de Javel sous le pied et vas-y que je te malaxe les arpions mon bonhomme.
Normalement j’aurais dû attraper le tétanos, mais non, j’ai survécu. De toutes façons ce n’était pas la première fois que je me cabossais et pas non plus la dernière.
Çà t’apprendra à vivre comme disait ma grand-mère !
À suivre…
Croustillant ! ^^ Pov’petits petons ! ;oO