Notre grand reporter perrotin et d’ailleurs, d’ailleurs, nous fait le grand honneur d’une chronique de “souvenirs de gosse”. Les illustrations sont issues des trésors de Michel Jack auquel La fargussienne et ses lecteurs du monde entier adressent un chaleureux M.E.R.C.I !
Souvenirs de gosse (18) :
Il y avait à côté de la propriété des parents un bois bien fourni, deux rangées de peupliers et entre elles un bois touffu de bouleaux, charmes et aubépines (épines noires). Autrefois l’espace entre les rangées de bouleaux était cultivé, le paysan avait fini par abandonner cette terre inondée cinq à six mois par an et la nature avait bien vite repris ses droits. Comme je vous l’ai dit il y a quelque temps, c’était le bois aux loups, mais maintenant que nous étions un peu plus grands, on ne croyait plus aux loups pas plus qu’au père Noël. On y allait donc souvent, quand nous n’étions pas à l’école (mon petit frère y allait plus souvent même quand il aurait dû aller à l’école) pour « cueillir » des pigeons. Laissez-moi vous expliquer : après avoir repéré un nid de pigeons, on grimpait le long de l’arbre, pratiquement toujours un peuplier, et selon leur taille, soit on prenait les pigeons qui passaient un sale quart d’heure (normal on ne mange pas les pigeons vivants, on n’est pas des sauvages…), soit s’ils n’étaient pas encore assez en chair, on les attachait avec un petit fil à la patte après la branche sur laquelle était leur nid, les pigeons nourrissent les petits tant qu’ils sont au nid, puis on revenait quelques jours après et là… que voulez-vous, un pigeon c’est tellement bon avec des petits pois !
Quand il y avait du vent, il fallait bien tenir la branche car un peuplier cela tangue terriblement en haut, un peu comme la tour Eiffel.
Puis, nous avions décidé d’élever nous-mêmes les pigeons. Nous en avions gagné un couple à la fête du village, alors papa avait construit une volière et nous avions disposé des parpaings pour faire des nids et pour avoir des bestioles robustes. Nous prenions les œufs des pigeons sauvages et nous en glissions un par-ci par-là dans nos nids, les pigeons sauvages s’apprivoisent très bien et parlent le même langage que les pigeons domestiques, ce qui fait qu’ils s’accouplaient sans problème. Et nous, nous avions de beaux volatiles. Toutefois, papa, qui n’avait pas le temps de s’occuper de tout nous avait chargés de l’entretien du pigeonnier.
Plus tard, on ne montait plus dénicher les pigeons, mais on en mangeait quand même, je vous expliquerai cela bientôt !
À suivre…