Lettre à mon père (23)
Tant de choses à voir, à ressentir, à Prague !
Tant d’églises où l’art baroque illumine les autels, les chaires ornées, les voûtes aux fresques célestes en trompe-l’œil, les orgues aux formes sculptées et couvertes d’or – comme celles du Klementinum, et d’abord ces rues tant animées ! Mais qu’est-ce qui attire ces foules interminables venues flâner sur le pont Charles, apposer leurs mains sur la statue de Saint Népomucène, ou se préparant à aller au concert en l’église Saint François d’Assise ?
Et cette immense avenue de la liberté, la place Wenceslas, ou, revenant vers la place de la Vieille Ville, cette si originale Eglise de Tyn aux toits pointus.
Ou bien pénétrons dans un bar à bière, savourer une Lobkowicz, avant de monter au château.
Et puis, tu nous vois arpentant le quartier juif, nous arrêtant dans le cimetière juif, à l’étrange profusion de ses innombrables tombes, tout près de la synagogue espagnole de style mauresque.
Et voici, à la porte, cette étrange statue de bronze : Kafka est assis sur les épaules d’un corps sans tête et sans bras – symbole de ses contradictions insurmontables entre sa judéité et son goût de l’Allemagne ( ?) , alors qu’il se sent si mal à Prague, si mal en face de ce père qui le tyrannise, dit-il.
Ce père si lointain – toujours cette distance, alors que je n’ai qu’un désir, vois-tu : goûter la ‘splendeur de la vie’ , comme Kafka et ses dernières amours en ces temps proches de la fin.
Nous reparlerons de cette statue.
MERCI, Hélène, pour la présentation du texte 23 – Et merci pour votre intérêt pour tout ce que vous publiez !
Bien cordialement
Roland
Merci pour ce beau texte qui donne une note optimiste. J’ai tant envie de revoir Prague et de m’y trouver si bien.