Lettre à mon père (24)
Ou encore : du fonctionnement de la fratrie…
Ou encore : du sens des silences …
L’évolution de la famille se répercute sur les obsèques de mon père –
Mon souvenir de la cérémonie d’incinération au Crematorium de Villetaneuse en juin 1983.
Je suis frappé par la foule présente, mais AVANT : nous (les enfants) sommes au premier rang de l’assistance ; et voici que le second fils de mon frère aîné vient s’asseoir devant l’auditoire, avec son violoncelle, et joue la 1ère suite de J.S.Bach pour violoncelle. En fait, une splendeur qui situe chacun dans la « séparation intérieure » d’avec celui qui va disparaître physiquement. Mais là, je me heurte au non-dit ; j’ignorais tout de cet aspect de la cérémonie, et suis simplement frappé par le regard d’affection que le musicien porte à ma mère, après avoir joué cette magnifique musique.
ET puis, voici le plus difficile pour moi : à l’issue de la cérémonie, c’est mon second frère qui va chercher l’urne contenant les cendres de mon père, et il quitte la salle, en serrant l’urne dans ses bras (non sans une difficulté émotionnelle visible).
Quelle leçon pour moi ? – Simplement que je ne suis pas allé à l’information au bon moment ! – De même que je n’ai pas su que ma mère irait avec mon frère en Bretagne jeter les cendres dans la mer ; ça n’a pas été simple à gérer (on me comprendra…), mais après la cérémonie, je suis allé m’asseoir au bureau de mon père – ce bureau qui me suivra toujours, et sur lequel j’écris maintenant.
Je dirais qu’on a là quelque explication de ma position au sein de la famille.
A suivre…