Notre grand reporter perrotin et d’ailleurs, d’ailleurs, nous fait le grand honneur d’une chronique de “souvenirs de gosse”. Les illustrations sont issues des trésors de Michel Jack auquel La fargussienne et ses lecteurs du monde entier adressent un chaleureux M.E.R.C.I !
Souvenirs de gosse (22)
Vous allez me dire qu’est-ce que tu as encore fait comme bêtise ? Mais rien, je vous assure ! Je n’ai pas fait que des bêtises dans ma jeune vie, j’ai fait aussi de grandes choses. Tenez, je vais vous le dire, entre nous bien sûr, promettez moi de ne pas le répéter autour de vous…
Notre vie tournait autour de l’exploitation de la grande mare à côté de chez nous. Pêche des grenouilles, de diverses petites bestioles, et surtout de petits poissons, les plus intéressants étaient ceux qui mesuraient entre dix et douze centimètres, pourquoi ? Voyons, voyons, soyons patients.
Papa, comme la plupart des paysans jardiniers du coin, avaient « récupéré », juste après la fin de la guerre, des tonneaux métalliques de deux cents litres que les « Yankees » avaient abandonnés un peu partout dans leur sillage (ces grands bidons, qui servaient à l’alimentation en carburant de leurs engins ne leur servaient plus une fois vides). Après en avoir ôté un côté au burin, ils faisaient d’excellents réservoirs pour récolter les eaux de pluie et ainsi faire une réserve d’eau d’arrosage pour les jours secs des étés.
Qu’est-ce que cela vient faire dans mon histoire ?
Dans ces tonneaux plein d’eau, nous y mettions nos petits poissons, du moins jusqu’au dimanche suivant. En attendant, je fouillais certains dépôts et j’y récoltais de beaux vers de terre que je conservais dans une espèce de vivarium, toujours jusqu’au dimanche suivant et j’avais installé, au fond du jardin et vous allez comprendre pourquoi, un petit tonneau dans lequel j’avais mis un bout de grillage à une dizaine de centimètres au fond et de la sciure. Sur ce grillage, je mettais tous les déchets qui pouvaient plaire aux mouches, et le dimanche matin je récupérais… les asticots qui étaient tombés dans la sciure.
Qu’est-ce qu’il a encore inventé celui-là ?
Eh bien mes ami(e)s, le dimanche matin, enfourchant mon vieux vélo sur lequel j’avais installé un porte bagages à l’avant portant ma grande boîte avec mes asticots, une autre avec du terreau (de la forêt, mais attention au garde forestier qui nous soutenait que « voler » du terreau était un délit, trop savant pour nous) et mes vers de terre, et bien sûr, une grande laitière (ces boites qui servaient à allez chercher le lait à la ferme) remplie d’une vingtaine de petits poissons, des carpeaux qui sont très résistants, accrochée au guidon de mon fier destrier, je me rendais aux deux étangs du coin y faire commerce avec les pêcheurs qui appréciaient mon passage.
Ils attendaient surtout mes petits poissons pour tenter les beaux brochets, et à l’étang du Perray ils étaient « voraces » (les brochets, pas les pêcheurs).
C’est ainsi que j’ai fait mes premières armes dans le commerce de proximité.
Tout le monde était satisfait.
J’adore, je suis plongée totalement dans ma mienne d’enfance… sans les poissons cependant mais nous avions des écrevisses, tu imagines ça, des écrevisses sous la main ??? Bravo MJM, surtout n’arrête pas !
Débrouillard le garçon !!! ^^ ;oD