Lu dans la toujours passionnante lettre de tricotin.com un article sur l’utilisation des « knitting sheaths » : « Connaissez-vous ces étranges objets en bois qui servaient autrefois à tricoter plus vite et plus efficacement ? Tricoter dans les le nord de l’Angleterre à la fin du XVIe siècle, à l’époque Elisabethaine, n’était pas un loisir mais un revenu principal ou supplémentaire indispensable et cela s’est poursuivi jusqu’à l’industrialisation du secteur textile.
Des écoles de tricot ont été créées à cette période ancienne pour les enfants pauvres afin qu’ils apprennent une activité qui allait pouvoir leur permettre de se nourrir. C’est à la cour que la demande de chaussettes, très raffinées et la plupart du temps en fil de soie, est née et puis assez rapidement le besoin en chaussettes et collants a descendu l’échelle sociale et c’est la laine, plus abordable, qui a remplacé la soie. Ces tricots étaient bien plus confortables que les tissus rêches que les gens portaient auparavant pour se protéger les pieds et les jambes du froid.
Au XVIIe siècle, des entrepreneurs appelés « hosier » (hose voulant dire collants) allaient de ferme en ferme, de village en village pour distribuer de la laine et récupérer des chaussettes et collants. On sait qu’en 1770, dans la petite ville de Kendal, environ 5000 personnes étaient employées à produire des chaussettes. Cela incluait les cardeurs, les fileurs et les tricoteurs. Cette production était vendue dans toute l’Angleterre et même à l’étranger.
La demande en tricots s’est peu à peu accrue. Hommes, femmes et enfants dans les milieux ruraux tricotaient des gants, des chapeaux et des chandails. De l’âge de 6 ans à l’âge de 86 ans, on trouve dans les archives de la ville de Hawes, dans le nord du Yorkshire, des tricoteurs de tous âges et des deux sexes. Les personnes âgées, alors qu’elles devenaient moins aptes aux travaux des champs contribuaient aux revenus de la famille en tricotant. Les mineurs tricotaient en allant à la mine, les femmes tricotaient en allant vendre leurs oeufs et leur beurre au marché.
L’outil qui permettait à tous ces gens de tricoter suffisamment vite pour que ce soit rentable était appelé un sheath (prononcer chiss avec la langue entre les dents pour les ss). Allez voir sa forme habituelle ici. C’est une pièce de bois, ressemblant à un pied de meuble, trouée en haut (comme une petite cheminée) de manière à accueillir l’aiguille sur laquelle on travaille. La partie en bois arrondie ou travaillée était coincée sous la ceinture du tricoteur pour maintenir le tout bien en place. Le tricot s’effectue à 5 aiguilles. Ces objets étaient décorés de motifs et parfois de mots tendres. Ce sont des objets devenus aujourd’hui précieux qui représentent la vie rurale du passé.
Aujourd’hui, certains afficionados continuent de tricoter de cette façon, et vous trouverez sur YouTube et certains blogs des démos et des tutoriels (en tapant sheath).
Allez en regarder de très beaux exemplaires sheath de sur ce site.«