Oui bon, chacun son type de lecture et le mien est très éclectique. Plongée dans les archives paternelles et grand-paternelles je me régale à lire une étude sur Saint-Pierre et Miquelon, d’Emile de Curton, imprimée par l’Imprimerie Nord-Africaine à Alger et publiée en 1944.
Extrait concernant la pêche de la morue à la ligne de main, ça va vous donner envie… » Au temps des caravelles et des brigantins, le patron, une fois arrivé sur les lieux de pêche, faisait carguer les voiles et amarrer le gouvernail, ce qui, d’après M. de Lamarre à qui nous empruntons les détails qui vont suivre, « tenait le bâtiment en état presque aussi bien que s’il était à l’ancre ». Les charpentiers construisaient alors sur un des flancs du navire un échafaudage où ils installaient une rangée de tonneaux de la taille d’un demi-muid.
Chaque pêcheur, chaudement vêtu, prenait alors place dans un « cuirier », tablier de cuir qui allait de la gorge aux genoux et dont le bas se mettait par-dessus le tonneau, « afin qu’en tirant la morue, l’eau qui vient avec le poisson ne pénétrât point dans le tonneau ». C’est de ce poste peu commode que le pêcheur laissait filer sa ligne que la dérive du bateau entraînait lentement à peu de distance du fond, à portée des morues qui s’y trouvent. Cette ligne de main consistait en une corde de la grosseur d’un tuyau de plume, longue de cent brasses, et munie à son extrémité d’un plomb de huit à dix livres. Sur cette ligne principale et au-dessous du plomb s’attachait une corde plus fine ou « empile » qui portait le « haim » ou hameçon garni de la boëtte » (appât). lorsque le pêcheur avait filé sa ligne, il fallait la remuer tout le temps pour que le haim restât entre deux eaux et visible au poisson. Dès que la morue avait mordu, le pêcheur la tirait à flanc d’eau et la saisissait en s’aidant d’un gaffot ou d’un manet (crochet et épuisette).
Si une morue était prise en même temps aux lignes de deux pêcheurs, ce qui se produisait fréquemment en raison de la proximité des lignes et de la voracité du poisson, elle était jugée appartenir à celui dont le hameçon était le plus près de l’oeil : l’on présumait en effet que l’hameçon parvenu dans la gorge du poisson établissait la négligence du ligneur, qui aurait dû sentir que la morue était prise.
Une fois la morue hors de l’eau, le ligneur l’attachait à l’élangueur, placé à la lisse à côté de lui. Puis il lui arrachait la langue qu’il gardait par devers lui pour, le soir, rendre compte de sa pêche au capitaine…
Le soir, la pêche se terminait aux dernières lueurs du jour. Les ligneurs sortaient alors de leur cuirier et apportaient au capitaine les langues qu’ils avaient coupées et qui donnaient le nombre exact de morues pêchées par chacun d’eux dans la journée. Celui qui en avait le moins rapporté recevait pour punition la corvée de nettoyer les barils et de jeter les « breuilles » à la mer tandis que ses camarades allaient d’étendre jusqu’à l’aube brumeuse dans leurs hamacs humides.«
Ca donne envie donc ? De plus, quand on sait qu’une morue peut atteindre le poids de 40 kilos, on imagine à peine la tâche surhumaine de ces hommes peu payés et en danger permanent. Hommage.
qu’est-ce que ça forge, une morue ?
très instructif !
quand on pense qu’aujourd’hui, certains jeunes pètent les plombs parce que le wifi est trop lent, un passage en arrière remettrai vite les priorités en place …
très bonne fin d’année
Et oui chère Grenouille… Bon Noël bonne année à venir.
Ah ah merci oeil de lynx… ai remis le « g » et bouté le « f »…