Auffargis, ces années-là…
La réserve, la retenue… Me voici tout à coup devant notre arrivée à Auffargis en septembre 1953. Ma mémoire me prive entièrement du souvenir du voyage de Baden-Baden à Auffargis. Mais pourquoi, donc ? Parce qu’en fait je refuse cette séparation ?
Je passe dans la cuisine, puis descends trois marches et traîne le long de l’allée pavée qui borde la façade aux volets verts. Je suis désorienté et mal à l’aise – elle est si belle, cette région du nord Forêt Noire, ces maisons avec les hauts poêles en faïence verte, dont un banc fait le tour, ces pentes enneigées en haut de la ville, là où la place au-dessus de notre grande maison donne bientôt sur la forêt.
Parce que je n’ai pas dit mon désarroi devant ce manque d’Allemagne – de ce pays qui a tant marqué mes choix, et que je retrouve par la suite avec un tel plaisir, ce pays que j’aime.
Ce manque d’Allemagne, comme celui des Yeux de Jais ?
Et puis les années passent, sous le regard attentif et observateur de mes parents, Fanchette – mais oui, ‘attentif’ et aimant – Mais parfois tu te tais, Roland ; quelle erreur ! Rappelle-toi : nous n’avons qu’un seul dieu – nous-mêmes.
Fallait-il cette chronique pour que j’écrive ces mots ?
A bientôt, vous qui m’accompagnez.
A suivre…
Baden-Baden, Augusta et place Stadtkirche – août 1953 – Photographe: Brodde
La photo est prise en août 1953! Merci Ln!
Roland