Le printemps des poètes s’achève, il reste les livres, dont celui-ci (merci Patricia !) : « Sharawadji : Manuel du jardinier platonique » de Pascale Petit et un des ses poèmes ci-dessous : « J’appelle les pommes ». Bonne dégustation !
« Je vous conseille de dessiner un jardin.
Petit jardin de derrière ou de devant. Vaste perspective qui embrasse tout. Arpent de terre adossé à une colline. Beaux boulingrins bordés de buis. Carré de plantes ou de fleurs qui peut être plus large que long. Jardin mexicain de dimensions modestes. Grand canyon tracé au tire-ligne entre ciel et terre. Ou petits pots alignés sur le bord d’une terrasse d’où l’on aperçoit le jardin et le jardinier voisins : il n’y a pas de limites au jardin. De la disposition naturelle du terrain, de son caractère, reliefs et accidents, de la qualité du sol, clément ou non, du jardinier ou des jardiniers que l’on va choisir, des divers avantages et inconvénients tous mesurés, dépendent : les formes et l’étendue du jardin. Cependant, quelques principes connus, en dehors de toute considération, peuvent présider à son établissement. Le premier, que soit préférée la nature. Le second, que l’on ne laisse pas tout voir. Le troisième, que l’on fasse croire que tout est : plus grand, plus beau, plus haut, plus nouveau, plus minuscule, plus merveilleux, plus différent, plus lointain, plus proche et surtout : que l’on reviendra. » Pascale Petit
Sharawadji, c’est aussi un cri : « Sharawadji ! » criaient en signe de ralliement ceux de la secte des pittoresques pour la beauté qu’ils découvraient dans ces jardins où l’ordre de tout cet agrément n’était pas discernable à l’œil. « Sharawadji ! » pour cette harmonie et surtout pour l’absence de dessein qui aurait dû présider à une telle perfection. « Sharawadji ! » Opposons d’abord le sauvage au régulier et redisons bien l’absence de notre dessein. « Sharawadji ! »