Dans le vif du sujet – Lettre à mon père (1)
Il est accroupi devant la façade de la maison de Villequoy, préparant un arrondi de ciment près de la porte-fenêtre du salon, pour y ménager un espace pour un rosier. Comme ceux dont la bordure aligne ses rose, rouge et jaune, tout le long de la pelouse. Le fils s’approche – alors mon fils, dit-il. Mais rien ; quel est l’objet de cet échange silencieux – et avorté avant de naître ?
Est-ce tout simplement le silence que le fils choisit, ou lui est-il imposé, des profondeurs de son être complexe qui ne trouve pas le chemin de son père ? Et si l’absence de mots venait du plus âgé qui a perçu l’inhibition du plus jeune – C’est QUOI, aimer son père ? faut-il, pour cela, s’aimer soi-même ?
Voilà qui les ramène à ce voyage vers les Vosges, fait du silence absolu dans la voiture – tandis que le jeune ne sut proférer un mot de lui-même, sinistres heures où le fils cherchait désespérément la parole, conscient de l’incongruité de son silence, et incapable de le rompre, par courtoisie pour cet aîné inaccessible ? Affreux souvenir, conclu par les mots à la mère, une fois arrivés : « rien ; pas un mot ! ». Il a entendu ces mots, mais pas la souffrance qu’ils disent, en fait.
Pas facile de mettre des mots sur l’intime, par pudeur certainement. Oser se dire c’est s’exposer, s’ouvrir à l’autre, quand l’autre est si proche (et peut-être inaccessible) c’est encore plus difficile. Et la distance s’installe dans ce silence fait de non dits.
Quel que soit l’âge les blessures d’enfance, la parole qui nous a été interdite (ou qu’on s’est soi-même interdite) est toujours une souffrance. Alors c’est une bonne chose de la prendre aujourd’hui à travers ces lettres.
Merci Roland.
Merci, pour ces mots subtils, Gwen –
Roland
Et merci beaucoup, bien sûr, à Hélène –
Roland