Lettre à mon père (2)
La 203 était une voiture de location : en chemin vers Condé sur Huisne, mon père avait fait un arrêt à Chartres, s’arrêtant à la pâtisserie de la cathédrale, et omettant de verrouiller la voiture, qui avait disparu à son retour. Alice et Paul, ses parents, avaient acheté une modeste maisonnette dans les collines du Perche, pour se rapprocher de leur fils qui leur rendait visite ce jour-là.
Paul, ingénieur chimiste, avait créé une société de malterie qui avait fait faillite devant les difficultés financières dues à un associé indélicat. Mon père avait alors dû gagner sa vie, et financer ses études qui devaient le conduire à l’agrégation d’allemand, avant guerre. Je devrais sans doute dire : qu’IL allait clore par un succès brillant à l’agrégation d’allemand.
Pourquoi l’allemand ? – Lui as-tu posé la question ?…
1938 – Mon père est assistant d’allemand (ou de français ?) au Lycée Zur Himmelspforte – La Porte Céleste – d ‘ Erfurt .
Je ne peux me retenir de voir dans ce nom l’annonce de la réflexion que mon père mènera toute sa vie – que TU mèneras – sur la foi, la religion, l’engagement, l’art humain de la création artistique .
La réflexion, et l’action !
La retraite au Vésinet – Convié au déjeuner par mes parents, mon père me raccompagne avec ces mots : « C’est dur , la solitude ! » – Le fils a entendu, mais pas un mot de commentaire… Mon Dieu !