Notre grand reporter perrotin et d’ailleurs, d’ailleurs, nous fait le grand honneur d’une chronique de “souvenirs de gosse”. Les illustrations sont issues des trésors de Michel Jack auquel La fargussienne et ses lecteurs du monde entier adressent un chaleureux M.E.R.C.I !
Souvenirs de gosse (5) :
Je me souviens d’une vieille dame qui habitait vers la ferme du Roseau et que nous saluions d’un magistral : « Bonjour Mémère Daubie ! » chaque fois que nous la croisions. Elle était très gentille et prenait soin de nous chaque fois que Maman était malade ou allais accoucher (nous étions huit enfants : cinq garçons et trois filles). Elle était toujours vêtue de noir. On disait qu’elle avait perdu son mari durant la guerre de 14-18. Elle avait une grande maison avec un magnifique jardin potager qu’elle cultivait avec amour. Plus tard j’ai appris qu’elle n’était pas veuve de guerre, il y avait confusion avec son premier fils portant le même prénom : Victor, et surtout que cette vieille femme était la sœur de mon arrière Grand-Mère, que son mari était le frère de mon arrière Grand-Père. Elle était donc presque mon arrière Grand-Mère. Je regrette aujourd’hui de ne pas l’avoir su car je l’aurais traitée comme telle.
Quand nous étions jeunes enfants, c’était maman qui allait chercher le lait à la ferme du Roseau, elle nous laissait seuls, mais après avoir allumé la magnifique lampe à pétrole dans la pièce principale (oui, malgré la ligne électrique qui passait de l’autre côté du chemin, nous n’étions pas reliés). Cette lampe se réglait mal et « filait », c’est à dire qu’elle brûlait sa mèche et produisait un filet de fumée. Pour nous, c’était clair, la maison allait s’embraser d’un coup, d’un seul. Et nous braillions comme des perdus. Quelques temps après mes cinq ans, maman a décidé de nous envoyer à la ferme à sa place.
Finalement, c’était la meilleur solution.
À suivre…