Notre grand reporter perrotin et d’ailleurs, d’ailleurs, nous fait le grand honneur d’une chronique de “souvenirs de gosse”. Les illustrations sont issues des trésors de Michel Jack auquel La fargussienne et ses lecteurs du monde entier adressent un chaleureux M.E.R.C.I !
Souvenirs de gosse (15) :
Comme tout un chacun peut le comprendre, il était temps de penser au rachat de mes fautes et à la sérénité de mon âme. Je me suis fait enfant de chœur à la très grande satisfaction de mon bon curé de campagne (le pauvre s’il avait su…). Donc, me voici pas bigot mais presque. J’ai servi avec zèle la messe, j’ai souvent agité la clochette, à genou sur le bord des marches du maître autel, pas toujours au bon moment, mais M. le curé était indulgent et simplement un petit coup d’œil en coin et j’avais compris. Puis cela est venu tout normalement.
Ce que j’aimais, c’était la procession vers la croix Vaudin, plusieurs fois j’ai porté la croix en tête, derrière M. le curé. Il y avait beaucoup de monde qui suivait, et c’était une grande fierté que de conduire les ouailles.
Je me souviens qu’à cette époque, à l’église, les paroissiens n’était pas mélangés, les hommes dans la travée de gauche et les femmes dans celle de droite. Celles-ci devaient porter une coiffure, foulard ou carré de tissu pour les plus humbles, bibi décoré pour les plus aisées.
Il y avait une petite grille de séparation du chœur et de la nef, les gens s’y agenouillaient et tiraient la langue pour recevoir l’hostie que M. le curé déposait y religieusement.
Les prestations des enfants de chœur ne se limitaient pas qu’à cela. Il y avait le service de l’eau bénite à domicile : M. le curé bénissait de grandes bouteilles d’eau, puis nous faisions du porte à porte et remplissions les petites fioles présentées contre une petite monnaie (selon le bon cœur des paroissiens) pour la caisse des enfants de chœur, ce qui nous permettait un bon goûter entre nous une ou deux fois par an.
Nous étions très généreux dans la distribution et nous n’avions jamais assez d’eau pour finir notre périple, alors…, élémentaire ; il y avait une grande mare du coté du hameau du Roseau, nommée la « Martinerie » (j’ai appris que dans le passé on baptisait un lieu en rajoutant ERIE au nom du propriétaire : donc la mare de Martin), qui nous était bien utile, et oui, on remplissait de nouveau nos bouteilles et vogue la galère. Personne ne nous a jamais dit que cette eau était moins efficace que celle bénite par M. le curé (d’ailleurs elle nous avait fourni quelques têtards de grenouille auparavant : souvenez vous du bénitier!). J’ai cessé mes fonctions quand il m’a fallu aller au collège à Versailles.
Quand je raconte mon aventure à mes enfants, ils me répondent : « toi enfant de chœur, mon Dieu çà ne devait pas être triste ! ». Non, ce n’était pas triste…
À suivre…
J’imagine qu’un têtard béni par l’ingéniosité enfantine ça marche aussi… ;o)
Je pense que M. le curé ou une bonne âme a du virer les têtards dans le caniveau.
Paix à leurs âmes…
MJM