Suite du cadeau ! Une autre tendre histoire écrite par l’amie Adeline Ribierre et dédiée à ses quatre enfants. Adeline qui, rappelons-le, a publié plusieurs recueils que l’on peut (que l’on doit ;o) trouver ICI [clic !] ! Merci Adeline.
CHAPITRE HUIT
La chose que Loa-Doa a sortie de son trou a cessé de se débattre. Elle le regarde par en-dessous, l’air pitoyable.
Elle a des écailles orange vif, quatre pattes griffues, deux petites ailes de chauve-souris d’un noir bleuté, une crête argentée qui lui court du sommet de la tête jusqu’au bout de sa queue tremblante.
C’est un dragon. Oui, un vrai dragon. Mais un tout petit dragon.
Jamais Loa-Doa n’aurait cru qu’un si petit dragon pouvait exister. Il a la taille d’un rat, et encore.
— Allez-y, moquez-vous de moi tant que vous voulez, coasse la créature. Mais lâchez-moi, par pitié, vous m’étranglez.
Le Farfadet ouvre précipitamment la main.
— Merci…
Le dragon est pris d’une petite toux sèche qui lui fait cracher des flammes violettes.
—Aïe ! gémit-il, et il se précipite au bord de l’eau.
Là, il aspire quelques gorgées et soupire, soulagé.
— Ca alors ! s’écrie Loa-Doa.
— Bon, ça va, vous l’avez déjà dit. Oui, je suis un dragon ridicule, nain et qui souffre le martyre dès qu’il crache quelques étincelles. Je suis un dragon raté. Voilà.
— Par la pelote de la Grande Chouette ! Y en a-t-il beaucoup, des dragons comme vous ?
— Pfff ! fait l’autre en haussant les épaules. Ca se saurait ! Non, je suis le seul. Et je suis tout seul, d’ailleurs. Vous pensez bien que dans la Montagne des Dragons, je ne suis pas le bienvenu.
— Mais pourquoi ?
— Toujours la même chose. Les gens n’aiment pas la différence ! (Nouveau soupir…)
— Mais vous n’avez pas fait exprès d’être petit !
— Bien sûr que non. Seulement, un bon dragon, c’est gigantesque, fort, effrayant, ça vous envoie des flammes à vous carboniser un champ de blé en un clin d’oeil, et ça récolte des trésors à en remplir un gouffre. Mon père était exaspéré de me voir avaler un litre d’eau à chaque fois que je toussotais une flammèche. Ca l’énervait que je sois incapable de porter un coffre plein de louis d’or. Je ne suis même pas très bon pour résoudre les énigmes. Tout pour plaire, quoi… A la fin, il m’a fichu à la porte de la grotte. Il m’a dit que je pourrais revenir quand j’aurais accompli un exploit digne d’un vrai dragon.
— Je suis désolé.
— Bof. Il n’y a pas de quoi. Je ne suis pas si malheureux, ici. Et puis, je l’ai accompli, mon exploit.
— Ah bon ? C’est formidable ! Alors, vous allez pouvoir rentrer chez vous ?
— Je ne sais pas…
— Pourquoi ?
Le petit dragon s’assit en appui sur sa queue et pose son museau entre ses pattes de devant.
— En fait, je ne suis pas très fier de ce que j’ai fait.
— Eh bien… En général, les dragons font des choses dont il n’y a pas de quoi être fier, non ?
— Oui, mais là… C’est pire.
— Vous ne voulez pas me le dire ?
Le dragonnet pousse un nouveau soupir à fendre l’âme.
— Tiens, oui, je vais vous le dire. Ca soulagera un peu ma conscience. Alors voilà, vous vous rappelez, l’énigme que vous m’avez proposée ?
— Oui : qui est-ce qui aime les pierres précieuses, qui passe inaperçu, qui ne laisse pas de trace au sol et qui brûle les feuilles ?
— C’est ça. Voilà. Eh bien, la réponse, c’est… moi.
— COMMENT ?
— Je savais bien que ça n’allait pas vous plaire.
— C’est VOUS ? C’est vous qui avez osé tuer des Fleurs du Jardin Précieux, elles qui brillaient au soleil et sous la pluie depuis des siècles ? Vous avez fait ça pour voler leur cœur ?
Le petit monstre s’envole à hauteur de nez de Farfadet. De nervosité, il s’agite et volette en tous sens.
— Eh oui, voilà, c’est moi, dit-il. Il fallait oser, hein ? Je sais, c’est nul. Mais j’aurais fait n’importe quoi pour prouver aux miens que j’étais capable de faire des choses terribles. Que j’étais un vrai dragon terrible.
— Mais… C’est affreux ! C’est…
— Allez, achevez-moi. (Il vient se poser aux pieds de Loa-Doa.) Allez-y ! Prenez n’importe quel caillou, voire un bâton, et écrabouillez-moi. Je l’ai bien mérité. Et puis, à quoi bon de toute façon. Je ne vais pas passer ma vie à me cacher de honte.
Loa-Doa, encore sous le choc, réalise tout juste qu’il a rempli sa mission. IL A TROUVE LE VOLEUR !
Mais maintenant ? Que faire ?
— Par la trompe du Balanin, grommelle-t-il pour gagner du temps. Je ne vais quand même pas vous réduire en purée. Ce n’est pas mon genre.
— Je vais vous rendre les pierres précieuses, propose le dragonnet.
Loa-Doa hausse tristement les épaules.
— Ce n’est pas ça qui rendra la vie aux pauvres Fleurs fanées. Laissez-moi réfléchir. Mais ne vous enfuyez pas, hein ?
— Oh, vous pouvez m’attacher, ça m’est égal. Voyez-vous, le yéti et moi, on est pareils : des monstres assoiffés d’amour. Ne vous inquiétez pas, allez. Je ne vais pas m’enfuir.
Le jeune Farfadet réfléchit. La meilleure chose à faire pourrait être de ramener le dragon au Village. Manoadeli s’en occuperait.
Mais Loa-Doa ne peut s’empêcher d’éprouver une certaine sympathie pour le pauvre dragonnet. Une idée lui vient tout à coup.
— Si on allait voir vos parents ?
Photos génialement choisies comme toujours chère Fargugussienne de mon coeur… ^^ BRAVO et merci ! ;o)
C’est gentil mon lapinou préféré !
Quel magnifique Sphinx Moro, j’en avais relâché quatre dans la brousse de l’étang du Perray il y a trois ans, mais la greffe n’a pas pris. Je recommencerai dès que j’aurai l’occasion d’aller vers Beynes.
MJM
J’apprécie cette photographie car il est très rare de voir un papillon colibri au repos. C’est magnifique de voir leur ballet quand ils sont quatre ou cinq autour d’un massif de fleurs.
Mais surtout, merci à Adeline de nous faire rêver devant les merveilleux contes qu’elle écrit si bien.
MJM