MJ Masson : Souvenirs de gosse (19)

Notre grand reporter perrotin et d’ailleurs, d’ailleurs, nous fait le grand honneur d’une chronique de “souvenirs de gosse”. Les illustrations sont issues des trésors de Michel Jack auquel La fargussienne et ses lecteurs du monde entier adressent un chaleureux M.E.R.C.I !

Souvenirs de gosse (19)

Il y avait au fond du terrain de mes parents, à environ trois cents mètres de la route, un bosquet que Papa avait créé et qu’il entretenait amoureusement, juste à coté du bois aux loups. Ce petit bois (comme on l’appelait) était garni d’un beau chêne pas très grand car encore jeune, de deux frênes, d’un sapin et de nombreux bouleaux que Papa coupait régulièrement (un bouleau ça pousse vite). Il y avait également deux magnifiques néfliers greffés que j’avais vite repérés : les nèfles sont des fruits qui ne mûrissent qu’après les premières gelées, donc, dès que la température avait franchi le zéro fatidique, je me précipitais au fond du jardin pour me « gaver » de nèfles. Aujourd’hui, je les cueille et je le stocke au congélateur, ainsi je n’ai plus qu’à les en retirer quelques heures avant de les déguster. Mais ce n’est pas ce que je voulais vous dire. Au milieu de la plaine, ce bosquet était un havre, fatidique, de repos pour la faune sauvage. Pas de nid de pigeons, mais des pigeons quand même, presque à domicile.

Nous avions construit une hutte en paille au milieu du lieu avec une grande ouverture au plafond qui donnait sur la majeure partie des cimes des arbres. Un tabouret et une carabine 9 m/m faisait le reste, enfin il fallait un garnement assis tenant la carabine. Quand un pigeon se posait dans un des arbres, généralement, il se retrouvait rapidement au sol mais il fallait viser rapidement car un pigeon a une vue perçante et stabilise très rapidement sa vue, peut être en deux ou trois secondes. Dès qu’il nous avait repérés, il repartait aussi vite qu’il était arrivé. Nous n’avions donc plus besoin d’aller dénicher ces petites bébêtes pour en manger régulièrement.

mjm

Mais un jour, il y a eut mieux. Papa, sortant au jardin, a aperçu une bête noire allongée dans l’herbe du bosquet, persuadé qu’il ne s’agissait pas du chien du voisin, rentra vite à la maison et, tout en nous interdisant de sortir derrière lui, chargea son fusil d’une balle brenneke à droite et de même à gauche, puis au pas normal se rendit vers le fin du jardin. Arrivé à environ cinquante mètres, le sanglier, car c’était un sanglier, se releva avec probablement l’intention de se faufiler sous les barbelés, mais se rallongea, définitivement, aussitôt. Il pesait quatre-vingts kilos, juste le poids idéal car ni trop vieux ni trop jeune… et nous avons goûté du sanglier au repas du soir !

Ne me dites pas que c’était là un garde-manger, de nombreux animaux sont venus s’y reposer et sont repartis indemnes, les faisans en particulier : c’était trop prendre de risques que d’en mettre un au menu, petits volatiles d’élevage pour les grandes chasses.

A suivre…

2 commentaires sur “MJ Masson : Souvenirs de gosse (19)

  1. -Deux sangliers, s’il vous plaît ! dit Micheljakstérix en entrant dans la salle à manger.
    -Pour moi aussi, deux sangliers ! précisa Obélix, qui le suivait de près…
    -Obélix, dit sévèrement Panoramix, un chacun ça suffit,et puis je t’ai déjà dit mille fois que ce bosquet n’était pas un garde-manger !

  2. Petit sanglier deviendra grand pourvu que Dieu lui prête vie… mais certainement pas chez les Gaulois !
    MJM

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