Lantimontlé, ça vous dit quelque chose ?
En français : l’anti-monte-lait, oui, celui qu’on retrouve oublié dans un tiroir (il a été de tous les déménagements !). Car, si tu ne fais pas bouillir illico le lait frais, tu vas choper des tas de trucs pas sympathiques, car il faut faire bouillir le lait cru , ta maman l’a appris dans ses livres de conseils aux bonnes ménagères et te l’a martelé sans répit.
Généralement en Pyrex, il était rangé chez les parents dans le tiroir des indispensables, couteaux de cuisine, bouchon en forme de mini-carafe, ouvre boîtes, clef à boîtasardines, bouchons en liège pour les chats, paires de ciseaux, rasoir à légumes, caoutchoucs, j’en passe et des meilleurs…
Sur injonction, hop, vélo, bidon de lait et en route pour le bac réfrigéré de Monsieur Bernex. Avec sa louche à long manche il remplissait le bidon sans en verser une goutte à côté puis remettait le bouchon de fer blanc tenu par une chaînette et l’enfonçait bien pour que rien ne fuie sur la route du retour. Une fois dehors, foin du bouchon… je ne repartais pas sans l’avoir soulevé et avoir à plusieurs reprises plongé mon index dans l’épaisse couche de crème déjà formée. Fallait bien un peu d’énergie pour pédaler, non ?
Dès le retour Maman vidait le lait dans une casserole après y avoir déposé un antimontlé rincé et séché. Et là, corvée en vue. J’étais chargée de mission, désignée planton devant la cuisinière, obligée de ne pas bouger malgré les distractions sans fin : un chat, deux chats, la chienne, des frangins taquins, des appels à jouer, une mouche ou un taon. Mais là, en présence d’un taon, pas possible de ne pas lâcher la mission de surveillance car 1 ça fait un boucan insupportable, 2 c’est gros et peu ragoûtant, et 3 si ça te pique tu chopes la gratouille du diable… Et c’est là que – juste une seconde, j’te jure ! – tu loupais le tac-tac-tac avertisseur, d’abord léger puis de plus en plus frénétique, de l’antimontlé et que, pschhhhhhh, le lait débordait, inondant la cuisinière, brûlant en collant sur les bords de la casserole et accrochant au fond de celle-ci.
Chat(s) et chienne alléchés par l’odeur et te piétinant presque pour goûter aux débordements, frangins goguenards et mère en colère, chaque fois ça se terminait pareil : « tu vas me nettoyer fissa cette horreur et promettre de ne plus recommencer. On ne peut vraiment pas te faire confiance », et tous les grands mots qui vont avec. Tout en continuant carrément à me renier (presque), maman versait ce qui restait dans un pot à lait dont le couvercle à trous avait deux positions : ouvert pour laisser passer la vapeur, fermé une fois le lait refroidi pour le préserver de toute contamination (hygiène, hygiène) et l’empêcher de prendre les petites odeurs variées du frigo.
In petto je me consolais en pensant que, la fois suivante, je tremperais plus l’index dans la crème en sortant de chez Monsieur Bernex comme ça ça ferait moins de gras à nettoyer…
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Contribution : quelques souvenirs parfumés de Milton : Fan de : « comme quand on était p’tits », merci merci !! Que de souvenirs des vacances à la ferme de « Tata Marie et tonton Hubert », assis sur leur tabouret à 3 pieds pour la traite, et mon bol qui se remplissait en direct… Mmmm c’était bon et bien tiède, et parfois le tonton qui me visais avec une giclée de lait pendant que je sautais dans l’écurie !
Et pendant des années ils ont rigolé en repensant à « ma chute » les fesses dans la rigole à purin… et mon retour hurlant dans la brouette jusqu’au lavoir du « fourniou » (arrière-cuisine de l’arrière cuisine) pour la douche complète !! Ils ne sont plus là, les 2… mais que de beaux souvenirs ils m’ont faits ! Merci de m’avoir fait remonter de si beaux souvenirs.
Ah la vie à la campagne, comme je plains ceux qui ne l’ont pas vécu. Les bonnes vaches qui vous « collent » un grand coup de queue lorsqu’on les tirent (la fermière de chez nous nous demandait de leur tenir la queue quand elle officiait, mais nous n’étions pas toujours de taille à lutter contre la force de la bête)…
Je ne mettais pas l’index dans la boite à lait, j’ouvrais et j’en prenais une petite gorgée (ne me trahissez pas, c’est un secret que je vous conte là!).
C’était un bien grand privilège que de vivre dans cette nature parmi les goûts, les odeurs, les couleurs du printemps à l’hiver… Nos enfants ne connaissent pas cela. Je me souviens avoir « rencontré » des vaches sur un chemin de campagne, je suis descendu de voiture avec ma petite nièce qui a refusé catégoriquement de caresser une « bébette » et s’est réfugiée dans la voiture.
Je me souviens des chevaux d’un de mes grands oncles (il était laboureur), ils avaient une manie : quand sonnait le douzième coup de midi au clocher du village, ils s’arrêtaient NET, impossible de les faire bouger tant qu’ils n’avaient pas été dételés (je ne sais pas s’ils étaient syndiqués !).
Mon grand oncle n’avait pas besoin de montre pour aller au casse croûte.
MJM
Merci pour tout ça l’ami !
Tu racontes bien…
Merci gentil Senlissois !
Fan de : « comme quand on était p’tits », merci merci !! Que de souvenirs des vacances à la ferme de « Tata Marie et tonton Hubert », assis sur leur tabouret à 3 pieds pour la traite, et mon bol qui se remplissait en direct… Mmmm c’était bon et bien tiède, et parfois le tonton qui me visais avec une giclée de lait pendant que je sautais dans l’écurie !
Et pendant des années ils ont rigolé en repensant à « ma chute » les fesses dans la rigole à purin… et mon retour hurlant dans la brouette jusqu’au lavoir du « fourniou » (arrière-cuisine de l’arrière cuisine) pour la douche complète !! Ils ne sont plus là, les 2… mais que de beaux souvenirs ils m’ont faits ! Merci de m’avoir fait remonter de si beaux souvenirs.