Notre père, grand lecteur, avait une bibliothèque bien remplie dans laquelle nous piochons sans contraintes. Parmi ses livres reliés, quelques-uns de Jean Guéhenno qui, même si son nom ne vous dit rien, fut un grand écrivain, enfin l’est toujours vu qu’il est immortel (http://www.academie-francaise.fr/les-immortels/jean-guehenno).
Alors comment vous dire l’intense émotion qui saisit notre classe de 5e dans mon petit collège de montagne quand ce grand écrivain, à l’époque inspecteur de l’éducation nationale, fut annoncé… Préparés par la prof de français qui n’en menait pas large (inspection, notation avancement ou sanction), nous étions saisis de curiosité mais surtout d’effroi à l’idée qu’elle, et surtout nous, allions être « ins-pec-tés » et que, quasiment, notre sort à tous dépendrait de ces quelques instants.
Blouses propres, ongles impec, cheveux en ordre, tables nettes, tableau nickel, nous fûmes sur le qui-vive dès la première minute de cours et bon sang que l’attente fut longue !
Enfin, des pas dans le couloir, la porte s’entrebâille et la tête du surgé apparaît brièvement, lourd regard inspectant la salle rapidement. Puis entre un vieux monsieur, ben oui, vieux, un vieux encore au travail. Il se présente et s’assoit au fond de la salle. Nous n’osons pas nous retourner. La prof continue son cours, tendue à l’extrême. Elle commence les interrogations et paf sur qui ça tombe ??? Moi.
Gloups. En même temps je me dis rapidos qu’entre bretons ça va aller. Je ne sais plus ce qu’elle me demande mais je réponds bien. Jean Guéhenno me regarde et demande mon nom puis, l’entendant, me dit « B… comme ceux de la presqu’île de Pleumeur-Gautier ? »
Ah la minute de gloire !!! Je vous l’avais bien dit ! Entre bretons…
1160 habitants à Pleumeur Gautier et il connaissait les B…… Waou la gloire
merci pour ce « comme quand on était p’tits » ..;je les adore toujours ..;vive le retour